Moon over Golden Gate
The sun heats San Francisco, not a drop of rain since my arrival in August. And it is not supposed to rain before November, a few beautiful days ahead. Johnny's bike was stolen yesterday. On Friday as I was helping him filling forms for financial aid, he was telling me how important his bike was to him. I know he used to fasten it really well to a pole, but the chain was not strong enough, I am angry at myself because this weekend I was thinking that I should have bought him a new lock.
We don't realize what it means to live on the street. Johnny tells me about his life and I keep the details. He sleeps with seven other sidekicks, near an administration building under a camera, they feel protected under this camera. Two women and five men share these squares of sidewalk, a part of humanity. Johnny goes to college and his friends support him. It is not easy to sleep on concrete, to have a sleep broken by street noises, fights of the winos. Johnny wakes up at 4.30am and plans his day, then he goes to church where breakfast is provided for them. Then he goes to class. When he starts school at eight, he saves food from the day before because the church only opens at 8.
Some teachers don't know about his life situation and don't give him enough care. One of them says he is crazy. The more I listen to him, the more I talk to him the more I understant how organized he is to be where he is right now. Some mornings I find him in a pitiful state and it takes me ten good minutes to find my Johnny again, these days where he hasn't been given any attention, these days where the teacher before me talks "too sophisticated" and want him to read poetry. He wants to write and to learn how to read, he wants to learn how to break down words. Once these few minutes are over, what a pleasure I have listening to him, to see him laugh and to listen to the story of his life.
Sometimes, it is hard, last Wednesday, he was all tears for an hour, he was so down, souvenirs to difficult to bear. The rest of the class was working silently, they had a lot of compassion.The other day when he told me that the only pictures he had were the ones I had taken of him and of his bike and those of the class, it hit me to my heart.
For him the class a bit like his family. The group is nice to him, Charonda who is 18 Pour lui la classe c’est un peu comme une famille. Le groupe est sympa avec lui, Cha’ronda qui a 18 ans l’interpelle et lui demande souvent comment il va.
Évidemment il n’y a pas que Johnny, il y a les autres, le groupe est soudé, se confie de plus en plus, vient vers moi plus facilement, Konya m’apostrophe dans la cour, me passe la main sur les cheveux en arrivant en classe, elle parle de sa maladie (sida), du fait qu’elle a été abusée. Edwina raconte son homosexualité, Jamina explique le meurtre de son compagnon de 24 dans leur maison. Chacune des vies de ces deux classes de « basic writing » est chargée des pires choses qui peuvent vous arriver aux Etats-Unis, viol, abus sexuel, meurtre. L’autre jour, John est arrivé après deux jours d’absence, il m’a montré un trou dans le bras : « driving by shooting » ben quoi, vous ne connaissez pas, un mec qui passe en voiture et qui vous tire dessus, simple non ?
Côté collègue, cela ne se passe pas trop mal, habitant à San Francisco, je suis un peu isolée d’eux, car ils habitent tous dans la Baie de San Francisco et je quitte le collège dès que j’ai fini le travail à 1430 car il ne fait pas bon traîner dans le quartier. Le collège vous propose une escorte sécurité pour aller de l’école à votre voiture ou au BART, ça donne le ton, « better be careful than sorry » m’a dit un collègue. Je ne l’ai pas sollicitée. Je pars tôt. C’est un peu comme au collège, on se croise dans les couloirs, on se voit peut-être même un peu moins car on a son propre bureau.
Je ne me débrouille pas trop mal avec les cours, mais j’ai un boulot fou pour arriver à être à jour avec toutes les corrections des rédactions des élèves et mes préparations surtout pour la leçon de Critical Thinking. J’ai beaucoup de lectures à faire c’est intéressant. Les lectures sont très politisées, osées pour l’Amérique, mais évidemment pas pour une école à majorité noire. Au cours de Critical Thinking, les élèves sont vraiment brillants. La politique les tient beaucoup à cœur, ils sont écoeurés par la politique de leur gouvernement et sont toujours prêts à débattre des sujets d’actualité tels les événements de Louisiane.
Je m’étonne chaque jour de la tolérance qu’il y a dans les classes, de l’écoute et de l’intérêt pour les autres. J’adore mon travail au collège, mais avant tout les élèves qui m’impressionnent de volonté et d’enthousiasme.
Quand j’ai fini l’école, je rentre à Castro et je travaille pour le lendemain, mes après-midi sont généralement assez bien occupées. Comme ma chambre a peu de lumière, il m’arrive de filer chez Spike’s. Un coffee shop juste à côté de chez moi.
Ensuite je vais au yoga, tous les jours une heure et demie. Je fais de l’ashtanga dans une école géniale et je m’apprête à faire une formation pendant les week-end. Le niveau est exceptionnel. La majorité des élèves de l’école sont des instructeurs de yoga. On monte sur les mains, se contorsionne dans tous les sens et je dois dire que cela termine bien mes journées et me donne de l’énergie pour le lendemain. La salle est immense, dans un grand bâtiment plein de lumière avec des poutres au plafond c’est très beau.
J’essaie de terminer mes corrections le vendredi après-midi, souvent je n’y arrive pas et cela déborde sur le week-end.
Le samedi est consacré au yoga, toujours, mais seulement tôt le matin après quoi je découvre la ville. Ballade à Haights dans les boutiques hippies, le long de l’océan vers Crissy Fields et j’observe avec envie les windsurfeurs et kiters qui se baladent sous le Golden Gate au nez des gros-porteurs. Faire de la planche me tente bien, mais j’ai déjà pas mal de choses en route entre la formation de yoga et l’école ce qui fait que je risque d’attendre la fin du séjour pour me frotter aux grands requins blancs.
Cette semaine j’ai pris mon courage à deux mains, cela faisait quatre mois que je n’étais pas allée chez le coiffeur. Je suis allée chez Bladerunners sur Haights street. On m’a tellement dit de mal des coiffeurs aux US que j’avais pas mal d’appréhension mais bon cela commençait à devenir craignos… Il est vrai que quand on regarde les coupes de cheveux des Américaines cela fait un peu soucis entre les teintures ratées, les coupes androïdes ou Lulu Belle mon cœur balance. Chez Bladerunners, il ne faut pas trop s’attarder sur les coiffeuses, elles sont toutes largement tatouées, quand je dis largement c’est XXXL, les bras le cou et j’ose pas imaginer sous les habits. Les piercings c’est la même chose, bouche, nez oreilles, lèvres. Elles ont toutes des coupes bizarres. J’avais un peu peur de ne pas me reconnaître en sortant. J’ai fait confiance et le résultat n’est pas trop mal. (Les tatouages et le piercing ici c’est vraiment a big thing, la majorité des jeunes en sont couverts et dans des endroits très visible comme la poitrine sur les filles, la nuque, les bras, c’est tout ce qu’il y a de plus délicat… En ce qui concerne le piercing, c’est la même chose et la taille des « bijoux » insérés et énorme pour certains )
La beauté de cette ville continue de m’émerveiller, je ne me lasse pas de la regarder, de la déchiffrer, de la photographier sous toutes les coutures.
En général le dimanche j’essaie d’aller un peu plus loin, du côté de Marin où de Napa Valley. Le week-end prochain je projette de me rendre au Lac Tahoe. Ce dimanche, il faisait un temps superbe, je suis allée lire à Rodeo Beach. Les surfeurs glissaient sur les vagues énormes, des enfants jouaient sur la plage de gros sable noir, l’océan grondait au soleil couchant, les collines ocres se gorgeaient de soleil. Quand j’ai regagné San Francisco, la pleine lune se reflétait dans la baie, le Golden Gate était majestueux.
We don't realize what it means to live on the street. Johnny tells me about his life and I keep the details. He sleeps with seven other sidekicks, near an administration building under a camera, they feel protected under this camera. Two women and five men share these squares of sidewalk, a part of humanity. Johnny goes to college and his friends support him. It is not easy to sleep on concrete, to have a sleep broken by street noises, fights of the winos. Johnny wakes up at 4.30am and plans his day, then he goes to church where breakfast is provided for them. Then he goes to class. When he starts school at eight, he saves food from the day before because the church only opens at 8.
Some teachers don't know about his life situation and don't give him enough care. One of them says he is crazy. The more I listen to him, the more I talk to him the more I understant how organized he is to be where he is right now. Some mornings I find him in a pitiful state and it takes me ten good minutes to find my Johnny again, these days where he hasn't been given any attention, these days where the teacher before me talks "too sophisticated" and want him to read poetry. He wants to write and to learn how to read, he wants to learn how to break down words. Once these few minutes are over, what a pleasure I have listening to him, to see him laugh and to listen to the story of his life.
Sometimes, it is hard, last Wednesday, he was all tears for an hour, he was so down, souvenirs to difficult to bear. The rest of the class was working silently, they had a lot of compassion.The other day when he told me that the only pictures he had were the ones I had taken of him and of his bike and those of the class, it hit me to my heart.
For him the class a bit like his family. The group is nice to him, Charonda who is 18 Pour lui la classe c’est un peu comme une famille. Le groupe est sympa avec lui, Cha’ronda qui a 18 ans l’interpelle et lui demande souvent comment il va.
Évidemment il n’y a pas que Johnny, il y a les autres, le groupe est soudé, se confie de plus en plus, vient vers moi plus facilement, Konya m’apostrophe dans la cour, me passe la main sur les cheveux en arrivant en classe, elle parle de sa maladie (sida), du fait qu’elle a été abusée. Edwina raconte son homosexualité, Jamina explique le meurtre de son compagnon de 24 dans leur maison. Chacune des vies de ces deux classes de « basic writing » est chargée des pires choses qui peuvent vous arriver aux Etats-Unis, viol, abus sexuel, meurtre. L’autre jour, John est arrivé après deux jours d’absence, il m’a montré un trou dans le bras : « driving by shooting » ben quoi, vous ne connaissez pas, un mec qui passe en voiture et qui vous tire dessus, simple non ?
Côté collègue, cela ne se passe pas trop mal, habitant à San Francisco, je suis un peu isolée d’eux, car ils habitent tous dans la Baie de San Francisco et je quitte le collège dès que j’ai fini le travail à 1430 car il ne fait pas bon traîner dans le quartier. Le collège vous propose une escorte sécurité pour aller de l’école à votre voiture ou au BART, ça donne le ton, « better be careful than sorry » m’a dit un collègue. Je ne l’ai pas sollicitée. Je pars tôt. C’est un peu comme au collège, on se croise dans les couloirs, on se voit peut-être même un peu moins car on a son propre bureau.
Je ne me débrouille pas trop mal avec les cours, mais j’ai un boulot fou pour arriver à être à jour avec toutes les corrections des rédactions des élèves et mes préparations surtout pour la leçon de Critical Thinking. J’ai beaucoup de lectures à faire c’est intéressant. Les lectures sont très politisées, osées pour l’Amérique, mais évidemment pas pour une école à majorité noire. Au cours de Critical Thinking, les élèves sont vraiment brillants. La politique les tient beaucoup à cœur, ils sont écoeurés par la politique de leur gouvernement et sont toujours prêts à débattre des sujets d’actualité tels les événements de Louisiane.
Je m’étonne chaque jour de la tolérance qu’il y a dans les classes, de l’écoute et de l’intérêt pour les autres. J’adore mon travail au collège, mais avant tout les élèves qui m’impressionnent de volonté et d’enthousiasme.
Quand j’ai fini l’école, je rentre à Castro et je travaille pour le lendemain, mes après-midi sont généralement assez bien occupées. Comme ma chambre a peu de lumière, il m’arrive de filer chez Spike’s. Un coffee shop juste à côté de chez moi.
Ensuite je vais au yoga, tous les jours une heure et demie. Je fais de l’ashtanga dans une école géniale et je m’apprête à faire une formation pendant les week-end. Le niveau est exceptionnel. La majorité des élèves de l’école sont des instructeurs de yoga. On monte sur les mains, se contorsionne dans tous les sens et je dois dire que cela termine bien mes journées et me donne de l’énergie pour le lendemain. La salle est immense, dans un grand bâtiment plein de lumière avec des poutres au plafond c’est très beau.
J’essaie de terminer mes corrections le vendredi après-midi, souvent je n’y arrive pas et cela déborde sur le week-end.
Le samedi est consacré au yoga, toujours, mais seulement tôt le matin après quoi je découvre la ville. Ballade à Haights dans les boutiques hippies, le long de l’océan vers Crissy Fields et j’observe avec envie les windsurfeurs et kiters qui se baladent sous le Golden Gate au nez des gros-porteurs. Faire de la planche me tente bien, mais j’ai déjà pas mal de choses en route entre la formation de yoga et l’école ce qui fait que je risque d’attendre la fin du séjour pour me frotter aux grands requins blancs.
Cette semaine j’ai pris mon courage à deux mains, cela faisait quatre mois que je n’étais pas allée chez le coiffeur. Je suis allée chez Bladerunners sur Haights street. On m’a tellement dit de mal des coiffeurs aux US que j’avais pas mal d’appréhension mais bon cela commençait à devenir craignos… Il est vrai que quand on regarde les coupes de cheveux des Américaines cela fait un peu soucis entre les teintures ratées, les coupes androïdes ou Lulu Belle mon cœur balance. Chez Bladerunners, il ne faut pas trop s’attarder sur les coiffeuses, elles sont toutes largement tatouées, quand je dis largement c’est XXXL, les bras le cou et j’ose pas imaginer sous les habits. Les piercings c’est la même chose, bouche, nez oreilles, lèvres. Elles ont toutes des coupes bizarres. J’avais un peu peur de ne pas me reconnaître en sortant. J’ai fait confiance et le résultat n’est pas trop mal. (Les tatouages et le piercing ici c’est vraiment a big thing, la majorité des jeunes en sont couverts et dans des endroits très visible comme la poitrine sur les filles, la nuque, les bras, c’est tout ce qu’il y a de plus délicat… En ce qui concerne le piercing, c’est la même chose et la taille des « bijoux » insérés et énorme pour certains )
La beauté de cette ville continue de m’émerveiller, je ne me lasse pas de la regarder, de la déchiffrer, de la photographier sous toutes les coutures.
En général le dimanche j’essaie d’aller un peu plus loin, du côté de Marin où de Napa Valley. Le week-end prochain je projette de me rendre au Lac Tahoe. Ce dimanche, il faisait un temps superbe, je suis allée lire à Rodeo Beach. Les surfeurs glissaient sur les vagues énormes, des enfants jouaient sur la plage de gros sable noir, l’océan grondait au soleil couchant, les collines ocres se gorgeaient de soleil. Quand j’ai regagné San Francisco, la pleine lune se reflétait dans la baie, le Golden Gate était majestueux.